En mémoire du 4 Août, parler d’amour. Engrammer l’amour parce que l’amour est le plus grand antidote à la violence. Parce que la violence vient de ces lieux qui manquent d’amour. Alors, ils font la guerre parce qu’ils ne font pas l’amour. Ce 4 Août se remémorer les gestes d’amour, les pas de côté. Se remémorer les belles histoires nées du ou dans le 4 Août, pour pouvoir continuer et non pour oublier. Cet immense pouvoir de l’amour face à la violence, et le pouvoir de la communauté. L’engrammer en soi, dans nos cellules si marquées par un autre fil narratif, celui de la violence
La France créative a ceci de puissant qu’elle ne laisse pas faire, qu’elle se saisit de la tragédie, de l’inacceptable, qu’elle le met en mots sans en avoir peur et qu’elle libère la parole. Et c’est déjà ça et c’est déjà ça que le théâtre de La Colline soit plein à craquer et que les applaudissements durent de longues minutes à la fin de la représentation. Je sors troublée, bouleversée, de ce spectacle qui me ramène au Liban de ces dernière années et de maintenant, remuée de tout ce que cela me rappelle de la non reconnaissance des tragédies en série que nous y vivons, et de l’absence de quelque acte public y compris celui de la justice, aussi bien collective que personnelle, que l’on puisse acclamer comme ce soir-là au théâtre.
Elles s’appellent Snu Abecassis, Golshifteh Farhani, Andrée Chédid, Nadia Tuéni, Mireille Maalouf… Elles sont ces femmes croisées sur les bords de l’Atlantique, sur les rives d’un fleuve de vie, sur ce bout d’Europe qui regarde vers l’Afrique et qui un jour fut oriental : elles sont portugaises, brésiliennes, iraniennes, africaines, cap verdiennes, russes et elles m’inspirent. Elles ont bougé, elles sont parties quand il le fallait, pour un autre pays, pour un amour, pour une certaine idée de la dignité humaine et de l’amour. Elles ne se sont pas caché mais elles ne se sont pas non plus exhibé ; elles ne se sont pas donné à voir sans cesse ; elles ont vu autour d’elles, elles vivent. Elles n’utilisent pas beaucoup de mots mais leurs travaux, la direction de leur attention disent leurs valeurs.