Une femme d’inspiration d’il y a bien longtemps… partie

Article : Une femme d’inspiration d’il y a bien longtemps… partie
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30 mai 2021

Une femme d’inspiration d’il y a bien longtemps… partie

Elles s’appellent Souad Ballita et Jeanine Safa ; elles se ressemblent un peu ; on dirait des sœurs. Elles le sont quasiment devenues à  force de partager la vie d’une maison au quotidien.  L’histoire qu’elles vivent est une véritable « histoire d’amour » comme le dit Souad, en ce que c’est leur rencontre qui a donné naissance à ce qui est devenu une grande maison, une grande famille, une institution pour les sourds muets. Elles se rencontrent à Lourdes, à l’occasion d’un pèlerinage organisé pour la Fraternité des Malades, dans les années 50, facilité par le Père Grégoire Haddad et le Président Chamoun. Jeanine Safa qui vit en France, a l’idée de créer un foyer pour les enfants défavorisés et malades. Elle sollicite Souad qui est infirmière et qui a une vocation spirituelle.  Encouragée par le Père François Dupré Latour, chancelier de la Faculté Française de Médecine, et son père spirituel,  Souad démissionne de l’Hôtel Dieu de France et fonce dans cette aventure avec Jeanine. Elles louent une petite maison à Jisr el Bacha où des sourds viennent les voir. Comment réellement leur venir en aide, leur apprendre quelque chose?   s’interrogent  les deux femmes. Le Père Dupré Latour les met en contact avec un médecin othorinologue  en France spécialisé dans le travail avec les sourds, qui les reçoit à Ville Franche sur Mer et leur offre une formation professionnelle,  gracieusement. Elles  ouvrent  alors la première classe de sourds en 1962. L’IRAP donne des cours depuis la maternelle jusqu’à la troisième. L’enfant peut ensuite intégrer une école traditionnelle, ou une école technique. Certains continuent jusqu’à l’université. Pour financer une activité qui grandit, l’association organise un Téléthon. « Une livre pour abriter 30 petites filles sourdes », répète Jean Claude Boulos. Avec les recettes du Téléthon,  elles  achètent la petite maison à Ain Aar qui deviendra au fil du temps un village. Le lieu est une ruche où tout le monde s’active dans la joie : orthophonistes,  instituteurs, psychologues ; aux fourneaux, à l’atelier ; se sont rajoutées des activités, un peu au hasard. Ainsi, durant la guerre, les gens du village venaient leur demander s’ils avaient cuisiné ; alors ils se sont mis à faire la cuisine, les surgelés ; puis les biscuits, vendus en supermarché. Le bazar de Noel  préparé par des volontaires,  contribue aussi à financer la maison. Le bazar reçoit par ailleurs des commandes pour des cadeaux d’entreprises.

C’est ainsi que ces laïques consacrées ont fait de l’IRAP une grande histoire qui  est restée connectée à la petite histoire,  de tout un chacun. Les résidents du foyer célébraient récemment le mariage d’un des leurs, qui venait d’être diplômé de l’AUB et qui avait reçu le prix Said Aql. Jeanine et Souad sont les mères de cents enfants ; une vierge miraculeuse aux yeux clairs veille discrètement sur tout ce monde du fonds de la petite chapelle en pierre.

Des hommes de bonne foi contribuent aussi  par leurs dons discrets à cette œuvre comme par le passé,  les familles du coin envoyaient de grandes marmites fumantes,  au début de l’installation de l’association dans le village, pour aider.

Publie dans mon enquete Le charme discret de la societe civile – Supplement OLJ

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